Parution : 24 janvier 2007
Textes : Jean-Luc Coudray
Illustrations: Philippe Dupuy, Charles Berbérian, Marie Mallard, François Walthéry, Pierre Wininger, Walter Minus, Emmanuel Kerner, Andy Singer, Edmond Baudoin, Vincent Grave, Zingaro, Stéphane Blanquet, Jean-Claude Claeys
Pages : 48 pages couleurs
Format : 22,5x22,5 cm
Tirage : 1000 ex
ISBN: 2-915757-05-4
Prix: 14,50 €
Elevé dans un discours écologique, il devient écologiste plus radical que ses parents. Il ne boit pas et ne fume pas pour lutter contre la pollution. Il n’a pas d’enfant pour lutter contre la surpopulation. Il pratique le yoga pour lutter contre le bruit. Il est en gros contre tout, sauf l’art, la poésie et l’humour. Un jeu savant entre les douches froides et les thés brûlants équilibre ses journées.
Si Monsieur Mouche devait écrire la préface de ce livre, il ne parlerait sans doute ni du texte ni des images ni des auteurs. Il ignorerait royalement les pages qui suivent pour contempler ce qui surgit là , maintenant, sous ses yeux : un brin d’herbe poussant sur une dalle de béton, une lune trottinant sur les toits de zinc, ou que sais-je encore… Monsieur Mouche n’a que faire de ce qui se passe avant ou après. Il a l’immédiateté d’un caillou, l’exactitude de la foudre. Il est toujours là où ça se passe. Et c’est pourquoi il est toujours imprévisible, déroutant. Échappant à notre société ultra-spécialisée qui ne fabrique que des moitiés d’humain (homme-cerveau, homme-estomac, hommemuscle…).
Monsieur Mouche est un alliage parfaitement réussi de philosophe et de clown, de poète et de logicien. Ses farces ont une précision chirurgicale quasi-mathématique. Pour cela, il n’utilise ni le bistouri ni l’équation, mais le retournement de situation, le judo du paradoxe, la fulgurante souplesse de l’esprit qui déjoue tous les dogmes, toutes les pesanteurs. La vérité n’a rien d’un trône figé. C’est un trampoline où nous sommes invités sans cesse à rebondir…
Qu’il nous parle d’amour ou d’argent, d’une poule ou de l’infini, Jean-Luc Coudray ne donne jamais de leçons. Il tourne le dos aux préjugés, vise à contresens et, à tous les coups, met dans le mille. « Faire mouche » : cette expression (apparue en 1834) fait allusion au point noir au coeur de la cible de tir. Aussi difficile à atteindre qu’un insecte en vol, ce centre échappe à toutes les stratégies de conquête. On ne peut y accéder qu’avec l’humour le plus affûté, la fine pointe de l’attention. Là , nous ne sommes plus ni avant ni après ni à côté. Là , enfin, nous cessons d’attendre dans les cou lisses de l’être.
Thierry Cazals